Toitures, friches industrielles, catacombes, égouts, usines désaffectées, vieilles demeures à l’abandon, villes fantômes… Ces « coins » urbains abandonnés se dénichent et se conservent jalousement par les professionnels et amateurs de la photo Ubrex.
De l’anglais Urban Exploration (exploration urbaine), l’Urbex est un mouvement artistique qui consiste à immortaliser par la photographie ces lieux urbains dont la nature a repris ses droits suite au départ de l’Homme.
En bravant les chaines et en passant outre les interdictions, ces photographes pratiquant l’urbex deviennent des vrais aventuriers. Cette activité clandestine et parfois dangereuse fait de plus en plus d’adeptes en région parisienne et en province, retraçant de ce fait un témoignage artistique du temps passé et du déclin de la société industrielle à travers l’art de photographier la ruine.
Kankrela, photographe amateur, a fait des ruines industrielles et des maisons abandonnées son terrain de jeu fétiche pour se livrer à l’art de la photographie. Il a accepté de répondre à nos questions et nous livrer son expérience de photographe urbex à travers une courte interview.
Interview de Kankrela – photographe amateur passionné par l'Urbex
La Factory : Bonjour Kankrela, Merci de répondre à nos questions. Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter rapidement ?
Kankrela : Bonjour, je suis photographe et vidéaste amateur à mes heures perdues, infographiste 3D de métier, et je viens d'avoir 30 ans.
LF : Depuis quand pratiquez-vous l'Urbex et d'où vous vient cette passion ?
Cela va faire 6 / 7 ans que je prends en photo des lieux abandonnés. Je me suis toujours amusé à aller dans des endroits de ce genre depuis tout petit. De plus, j'ai une grosse passion pour l'image en général et le côté ambiancé de la pratique m'a tout de suite séduit.
C'est un ami qui m'a initié à l'exploration urbaine, il en pratiquait énormément et j'étais intrigué par ses photos qu'il postait. Un jour, il se trouve que j'ai emménagé dans la même ville que lui et du coup je me suis incrusté dans ses sorties.
LF : Quels sont les lieux que vous préférez photographier et pourquoi ce choix ?
J'aime beaucoup les vieux châteaux et manoirs, je trouve que ces lieux ont une âme et que l'on peut presque s'imaginer l'histoire des occupants. L'architecture y est souvent démesuré ce qui donne encore plus d'attrait aux photos.
LF : En comparaison à la photographie classique, l'urbex nécessite-t-il un équipement spécifique ?
Pas vraiment. Un grand angle est recommandé pour prendre les pièces dans leur ensemble mais ensuite, tout dépend du style de photos que l'on souhaite faire. Personnellement j'aime bien expérimenter avec toutes sortes d'objectifs.
LF : Comment trouvez-vous vos lieux d'exploration ?
Il existe une multitude de canaux pour trouver un lieu : bouche à oreille, scouting aveugle dans la pampa, échange de spots avec certains sur des forums, recherche internet, etc.
LF : Êtes-vous plus pour l'exploration individuelle ou en groupe ?
Je privilégie les explorations en groupe de 2 à 3 maximums. J'évite en individuel pour des raisons de sécurité. Et en groupe on est rarement plus de 3 pour le confort. Ça évite de se marcher dessus et ça permet de laisser chacun dans sa bulle. D'un point de vue discrétion, c'est mieux également.
LF : Quel est le meilleur lieu que vous aillez déjà photographié ?
Un château abandonné en pleine campagne qui appartenait à un évêque. L'intérieur possédait des ornements sublimes.
LF : Quel lieu rêveriez-vous de photographier ?
Le Disneyland abandonné au Japon.
[Précisions: Dans la banlieue de Chenzhuang, dans la ville de Nankou au Japon, un parc d'attraction a été abandonné en pleine construction faute de moyens économiques. Ce parc, copier sur les parcs Disney avait pour nom Wonderland. Le parc est souvent surnommé « China's Fake Disneyland » à cause de sa tour médiévale inachevée qui rappelle fortement le château Disney.]
LF : Avez-vous une règle d'or que vous suivez lors de vos explorations ?
Ne rien casser et ne rien emporter.
LF : Avez-vous une anecdote à nous raconter, vécue au cours de vos explorations ?
Une fois on était tombé sur un squat de SDF, aménagé en mini logement de fortune, avec une cuisine et du mobilier fait de bric à brac. Dans ces moments-là, on se dit que tous ces lieux abandonnés pourraient avoir une utilité et être réaménagés en logements décents pour ces personnes qui en ont besoin. Surtout que bien souvent, ces lieux appartiennent à l'Etat.
Pour moi, "L'urbex" c'est cela aussi, assister à la fin de notre civilisation.
Pour en savoir plus sur Kankrela et son travail artistique, je vous invite à visiter son site internet : http://www.kankrela.com/
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